Les femmes et le tabac : quels dangers pour la santé ?
Santé 08/03/2023 , mis à jour le 22/04/2025 à 12:14 177

Depuis les années 2000, les Françaises sont de plus en plus nombreuses à fumer. Pourtant, elles sont loin d’être à l’abri des maladies cardiovasculaires, pulmonaires et des cancers !
Face à la maladie, nous ne sommes pas tous égaux. Certains pourront fumer leur vie entière sans jamais développer de graves problèmes de santé et d’autres manger bio et vivre en plein air toute leur vie, et tout de même mourir d’un cancer.
Si cela est vrai pour chaque individu, c’est également vrai pour les deux sexes. Face au tabac, cependant, les différences biologiques entre hommes et femmes sont loin d’être le seul facteur qui met leur santé en danger.
Marketing ciblé de l’industrie du tabac, manque de prévention, méconnaissance des symptômes spécifiques aux femmes pour certaines pathologies et les retards de diagnostic que cela entraine, il est difficile de déterminer ce qui met le plus en danger la santé des femmes.
Malheureusement, moi, Api le panda vapoteur d’A&L, je ne peux rien faire en matière de recherche médicale, car je ne suis ni chercheur, ni médecin. En revanche, ce que je peux faire, c’est contribuer à ce que les femmes soient mieux informées sur les risques que le tabac fait peser sur leur santé, afin qu’elles puissent s’en protéger au mieux !
Les Françaises face au tabac : une situation qui va de mal en pis
Tomber malade à cause du tabac, ça n’arrive pas qu’aux autres, et surtout ça n’arrive pas qu’aux hommes. Même si ces derniers sont historiquement plus touchés par les maladies liées au tabagisme car les femmes ont longtemps été tenues à l’écart de cette consommation, les choses sont en train de changer —cette fois pour le pire.
De 2000 à 2015, le nombre de décès dus au tabagisme a en effet doublé chez les femmes, jusqu’à représenter 1 décès sur 5 chez les femmes de moins de 65 ans.
Depuis la crise du COVID, le nombre de fumeuses est reparti à la hausse
Cette situation s’est encore empirée durant la crise du COVID puisqu’entre 2019 et 2021, la France est passée de 20,7% à 23% de fumeuses, alors même que le tabagisme des hommes est resté stable et a même diminué chez les 18-24 ans.
Cette augmentation constante du tabagisme chez les femmes n’est, comme vous vous en doutez, pas sans conséquences sur leur santé. Alors que les fumeurs restent plus nombreux que les fumeuses, la mortalité liée au tabac recule de leur côté tandis que le nombre de décès lié au tabac chez les femmes a plus que doublé depuis les années 2000.
Les femmes sont plus exposées aux maladies respiratoires
Lorsque l’on évoque les maladies qu’entraine le tabagisme, les maladies respiratoires sont bien souvent les premières auxquelles on pense. Pourtant, le cancer du poumon est loin d’être le seul problème que peut engendrer le tabagisme !
Le cancer du poumon
Bien que ce soit une des maladies les plus courantes et surtout mortelles chez les fumeurs, les femmes se pensent souvent à l’abri du cancer du poumon. S’il est vrai qu’en 2018 les hommes étaient deux fois plus nombreux à en être atteints et en mourir, ce chiffre est en baisse constante depuis les années 2000.
Chez les femmes, en revanche, c’est tout le contraire : selon Santé Publique France, de 1990 à 2018 on constate une augmentation du taux d’incidence (nombre de nouveaux cas) de 5% par an, et une augmentation du taux de mortalité de 3% par an.
Le nombre de femmes touchées par le cancer du poumon est en augmentation constante
En cause, l’augmentation de la consommation tabagique chez les femmes, le tabagisme actif ou passif restant la cause de cette pathologie dans 7 cas de cancers sur 10 chez les femmes. Tant et si bien qu’en 2018, Santé Publique France pronostiquait qu’il allait devenir le plus meurtrier chez les femmes devant le cancer du sein !
Même si arrêter de fumer peu être une étape difficile, sachez qu'il n'est jamais trop tard : de récentes études ont montré qu'après l'arrêt du tabac, les poumons pouvaient régénérer les dommages causés par le tabagisme !
La BCPO
La BPCO, ou bronchopneumopathie obstructive de son petit nom, est une maladie bien moins connue du grand public qui fait pourtant des ravages dans les rangs des fumeurs, puisque le tabac est la première cause d’incidence de cette maladie.
Si les hommes ne sont pas épargnés, les femmes sont elles aussi touchées de plein fouet par cette maladie, si bien que l’Association BCPO consacrait un colloque entier en 2015 afin de trouver des solutions à cette « urgence de santé publique ».
Pour la BPCO, la mortalité a là aussi progressé chez les femmes alors qu’elle a reculé chez les hommes. Santé Respiratoire France évoque quatre causes à cela :
• Le nombre de fumeuses qui n’a jamais été aussi élevé ;
• Une prédisposition physiologique des femmes qui les expose plus que les hommes à une dégradation respiratoire ;
• Le manque d’information sur le sujet ;
• Le diagnostic souvent trop tardif.
Si les symptômes classiques d’une BCPO sont la toux et des expectorations matinales, les femmes sont notamment mal diagnostiquées car leurs symptômes sont un peu différents : « moins d’expectoration, plus de toux nocturne, de dyspnée [NDLR : essoufflement, respiration difficile et inconfortable] et de fatigue ».
Les symptômes de la BCPO sont différents chez les femmes de chez les hommes
Si certains de ces symptômes vous parlent, n’attendez pas avant d’aller consulter un pneumologue car la BPCO entraine également plus de comorbidités chez les femmes, tels qu’un risque d’ostéoporose élevé et plus de souffrance psychologique du fait du regard plus sévère que la société porte sur cette maladie chez les femmes.
Les femmes, normalement moins à risque de maladies cardiovasculaires, perdent cet avantage biologique en fumant
Bien que les femmes soient généralement moins à risque de développer des maladies cardiovasculaires pour des questions hormonales, cet avantage biologique disparait chez les fumeuses.
À tabagisme égal, les femmes présentent même une surrisque de maladies coronaires de l’ordre de 25% ! Une fois de plus, les pathologies cardiovasculaires sont en constante augmentation chez les femmes. L’infarctus du myocarde, pour ne citer que lui, a ainsi augmenté de 50% chez les femmes entre 2005 et 2014 !
Cela est notamment dû à la contraception œstroprogestative qui fragilise le système veineux et favorise la formation de caillots sanguins. Puisque le tabac a le même effet sur le système cardiovasculaire, les risques de phlébite, d’embolie pulmonaire, d’AVC et d’infarctus sont multipliés !
Combiner pilule et tabac multiplie les risques de maladies cardiovasculaires
Si la contraception hormonale n’est jamais recommandée pour les fumeuses, elle est tout particulièrement contre-indiquée pour les fumeuses de plus de 35 ans et/ou celles qui fument plus de 15 cigarettes par jour.
Il est donc particulièrement important de mentionner votre tabagisme au professionnel de santé qui vous prescrit votre contraception afin qu’il puisse trouver avec vous la méthode contraceptive la plus adaptée à votre mode de vie, votre consommation de tabac et votre âge.
Le tabagisme est responsable de nombreux cancers, dont des cancers gynécologiques
À travers le monde, le tabac est encore à l’heure actuelle la première cause de cancer dans le monde.
Pourtant, le cancer du poumon dont nous avons parlé un peu plus haut est loin d’être le seul provoqué par la consommation de tabac. On l’oublie trop souvent, mais le tabagisme n’a pas des effets délétères que sur les organes avec lesquels la fumée est directement en contact, comme la bouche, la langue et les poumons.
Le tabagisme favorise l'apparition de nombreuses formes de cancer
Par exemple, il est en cause dans 39% des cas de cancer de la vessie chez les femmes, une proportion qui là aussi est amenée à croitre si l’on en croit les estimations de différents organismes de santé.
Sachez donc que fumer est non seulement un facteur qui augmente les risques de cancers gynécologiques et de cancer du sein, mais aussi qui augmente leur mortalité !
Le tabac interfère non seulement avec la fertilité, mais aussi la contraception
Chez les hommes comme chez les femmes, le tabagisme diminue fortement la fertilité. Mais, saviez-vous qu’il diminue aussi l’efficacité des méthodes de contraception ?
Fumer rend la contraception moins efficace
Que vous projetiez d’avoir un enfant ou au contraire que ce ne soit pas dans vos projets, le tabac est décidément une vraie plaie.
En effet, en modifiant le métabolisme des œstrogènes dans le foie, mixer tabac et contraception hormonale peut non seulement diminuer l’efficacité de la pilule, mais aussi augmenter la fréquence des saignements et les pertes de sang entre les règles.
Les fumeuses mettent deux fois plus de temps à tomber enceintes
Bien que l’impact du tabac sur la fertilité puisse être majoré par l’âge et le niveau de tabagisme, de façon générale, les études montrent que le tabagisme réduit d’un tiers la fécondité des fumeuses.
En moyenne, elles mettent deux fois plus de temps à concevoir un enfant que les non-fumeuses ! Par ailleurs, les études semblent indiquer que la ménopause survient plus tôt chez les fumeuses.
N’attendez donc pas de tomber enceinte pour arrêter de fumer : faites-le dès que vous décidez d’avoir un enfant.
Les fumeuses mettent en moyenne deux fois plus de temps à tomber enceintes
Fumer met en danger la mère et son enfant durant la grossesse
Il est bien loin le temps où l’on pouvait voir des campagnes publicitaires pour des marques de cigarettes montrant des mères avec leur bébé dans les bras et une cigarette à la main. Et c’est une très bonne chose !
À présent, tout le monde sait que fumer pendant la grossesse est très mauvais pour le développement de l’enfant et peut entrainer de nombreuses complications durant la grossesse ou à l’accouchement.
Pourtant, savoir cela ne facilite pas forcément le sevrage et peut même le compliquer, puisque des études ont montré que la pression sociale ou internalisée à arrêter de fumer pousse les mères à fumer en cachette, et parfois plus qu’avant.
Tant est si bien qu’à l’heure actuelle en France, moins de la moitié des fumeuses sont sevrées du tabac dans leur dernier trimestre !
Pour éviter les risques de petits poids à la naissance, malformations, pathologies respiratoires ou cardiaques et autres complications qui peuvent survenir durant la grossesse ou l’accouchement, ne restez pas seule et faites confiance aux professionnels de la santé pour vous accompagner dans le processus de sevrage.
Même si le tabou sur ce sujet peut rendre difficile d’en parler, sachez que c’est tout à fait normal de ne pas arriver à se sevrer par la simple force de la volonté. En effet, seuls 5% des personnes qui essayent d’arrêter sans aucune aide médicamenteuse ou accompagnement restent non-fumeuses au bout d’un an. Et c’est sans compter sur le fait que le métabolisme accéléré des femmes enceintes amplifie les sensations de manque !
Pour trouver l’accompagnement qui vous correspond le mieux, parlez-en à votre gynécologue ou rendez-vous sur le site de Tabac Info Service qui réunit tous les outils dont vous pouvez bénéficier sur une plateforme très bien conçue. Alors, n’hésitez pas, c’est gratuit !
Le tabagisme favorise l’ostéoporose
L’ostéoporose est une maladie qui se caractérise par la diminution de la densité osseuse et une fragilité accrue du squelette.
Comme nous l’avons vu, le cocktail tabac-contraception hormonale est un facteur aggravant, pourtant le tabac à lui seul suffit à altérer le métabolisme osseux, et ce aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
Le tabagisme favorise l'osthéoporose
Ces dernières étant déjà plus exposées à ce genre de problèmes du fait du changement hormonal qui se produit à la ménopause, fumer, surtout sur le long terme, ne fait qu’augmenter les facteurs de risque. Heureusement, rien n’est perdu pour les fumeuses : après l’arrêt du tabac, ces effets sur la santé osseuse sont réversibles.
Pour conserver ou restaurer votre capital osseux et rester en pleine forme le plus longtemps possible, arrêter de fumer doit donc être une priorité !
Conclusion
Du fait de leur physiologie ou de l’utilisation d’une contraception hormonale, les femmes sont plus susceptibles de développer certaines maladies liées au tabagisme que les hommes.
Depuis les années 2000, elles sont par ailleurs de plus en plus touchées par des maladies graves du fait de l’augmentation massive du nombre de fumeuses qui s’est produit durant la fin du XXème siècle.
Il est donc capital qu’elles soient bien informées sur le sujet pour pouvoir s’en protéger !
Sources :
- Tabac en France : premières estimations régionales de mortalité attribuable au tabagisme en 2015, Santé Publique France
- Contraception et tabac : quels sont les risques ?, Gyn and Co
- Effets délétères du tabagisme sur l’appareil musculo-squelettique, Revue médicale Suisse
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